Fermer
La complémentarité au cœur de l’activité

Une année à l’Hôpital…et en dehors !

Tandis que les gestes barrières et autres impératifs liés à la pandémie devenaient presque routiniers, l’Hôpital a poursuivi ses efforts pour améliorer sa prise en charge, misant sur l’interprofessionnalité, la complémentarité des différents métiers et la coordination des soins.

Plusieurs faits marquants ont jalonné la vie des différents pôles. En neuro-ophtalmologie, tout d’abord, la Professeure Aki Kawasaki a été nommée cheffe de l’unité et succède au Professeur titulaire François-Xavier Borruat, parti à la retraite à la fin de l’année. La relève et la fidélisation des talents sont primordiales pour notre service universitaire. La Prof. Kawasaki a ainsi déjà commencé à former une jeune cheffe de clinique à cette spécialité complexe.

L’unité d’oncologie pédiatrique a organisé avec grand succès le congrès de l’International society of genetic eye diseases and retinoblastoma (ISGEDR). A l’invitation du Prof. Francis Munier, président de cette prestigieuse société, des experts internationaux du domaine se sont retrouvés au Musée olympique de Lausanne pour partager leurs connaissances et échanger. C’est la première fois que la capitale vaudoise accueillait ce congrès, dont la tenue a, par chance, été rendue possible grâce à un allègement des directives anti-Covid début septembre.

Dans l’unité de la rétine, les efforts de la Dre Jelena Potic ont été encouragés par une bourse de la Fondation Leenaards. « Jelena Potic analyse la rétine avec la technologie de l’optique adaptative. Cet outil permet d’agrandir les images de la rétine à tel point que les photorécepteurs deviennent visibles, explique le Prof. Wolfensberger, directeur médical. C’est très prometteur pour déceler les mécanismes de la perte visuelle des patients avec un décollement de rétine. »

L’optique adaptative peut bénéficier à d’autres spécialités ophtalmologiques. Elle a ainsi été couplée à un logiciel d’intelligence artificielle pour permettre une analyse automatique des images. Ce dispositif innovant est désormais utilisé à des fins diagnostiques pour la détection de la rétinopathie diabétique dans les centres Jules-Gonin de Rennaz et de la gare de Lausanne, entre autres.

Le centre de la gare de Lausanne accueille désormais certaines activités du segment antérieur (contactologie, chirurgie réfractive) pour une meilleure proximité avec les patients. La consultation d’évaluation pour déterminer si l’on peut se faire opérer de la myopie au laser, par exemple, est ainsi plus accessible, l’opération proprement dite étant réalisée à l’avenue de France.

Toujours dans l’optique de ne pas obliger les gens à se déplacer inutilement à l’Hôpital ophtalmique, les anesthésistes ont mis en place une consultation de pré-anesthésie à distance en complément à la télémédecine des urgences.

L’ itinérance s’est beaucoup développée avec pour intention d’amener l’expertise là où vit le bénéficiaire. La consultation d’ophtalmogériatrie en EMS rencontre un réel succès ce qui démontre le besoin de se rapprocher au plus près du résident ou de la résidente. Pour rappel, un binôme composé d’un-e médecin et d’un-e optométriste se déplace dans les EMS ou d’autres institutions depuis 2020. En 2021, du matériel d’examen portable de pointe a été acquis pour cette consultation itinérante. « La Fondation joue un rôle communautaire important, explique Mario Desmedt, directeur des soins, médicotechnique & thérapeutique. Que ce soit à Rennaz, à la gare de Lausanne, dans les EMS ou avec les Réseaux santé régionaux, nous souhaitons sortir l’expertise de nos murs et aller à la rencontre de la population. Nous créons ainsi le pont entre les soins aigus et les soins communautaires. »

Le côté positif de la pandémie

Dans le domaine de la formation, les conférences et autres séminaires par écrans interposés, imposés par la situation sanitaire depuis début 2020, sont restés d’actualité, permettant aux participants et participantes de profiter de l’expérience d’expert-e-s des quatre coins du monde.

Preuve que la pandémie n’a pas eu que des conséquences négatives, au contraire. « Lors de l’arrêt forcé des activités en mars 2020, les médecins assistant-e-s et autres professionnel-le-s de l’Hôpital, de la policlinique et du service réadaptation basse vision ont mis à profit ce temps pour créer un livre de 375 pages sur les bonnes pratiques en ophtalmologie, se réjouit Thomas Wolfensberger. Le Manuel Jules Gonin est sorti en octobre 2021 et s’adresse à tous les assistants et assistantes en formation ainsi qu’aux autres professionnels actifs dans la prise en charge de nos patients. » Autre effet collatéral du Covid : la mobilité et la flexibilité. « Le manque de personnel a contraint – ou offert l’opportunité – à nos professionnel-le-s de travailler dans différents services, ce qui les a sensibilisés à la réalité de leurs collègues d’autres secteurs, explique Mario
Desmedt. Cela a renforcé la transversalité et l’interprofessionnalité. L’acquisition de nouvelles expertises et cette collaboration ont été mises à profit des patient-e-s et de leur famille. »

La hotline téléphonique, mise en place en 2020, a continué à prodiguer ses services et est désormais gérée en alternance par les médecins assistant-e-s et infirmières et infirmiers spécialisés des urgences.
A noter que, en fin 2021, l’Hôpital a reçu une confirmation de sa certification en tant que centre de formation A par l’Institut suisse pour la formation médicale. « Cette validation est planifiée après chaque changement de chef de service, mais la pandémie a retardé le processus de 2 ans », explique le Prof. Wolfensberger.

Prévention et promotion de la santé

Malgré la pandémie, une grande journée de dépistage des yeux des enfants a pu être organisée, sur inscription, sous la conduite du Dr Pierre-François Kaeser, grâce au soutien du fonds Ingvar Kamprad. Une journée de dépistage des maladies visuelles liées au diabète a également eu lieu en novembre à l’Espace Santé Rennaz, en collaboration avec le Réseau Santé Haut Léman et son programme DiabEst.

Ophtalmologie itinérante en EMS

Rencontre avec Jean-Luc Andrey, directeur
de la Maison du Pèlerin

Comment avez-vous débuté cette collaboration ?
Nous avons été sollicités par l’Hôpital ophtalmique lors de la mise en œuvre du projet d’ophtalmologie itinérante en EMS. A l’époque, il s’agissait d’évaluer l’intérêt des institutions pour cette prestation. La Maison du Pèlerin avait déjà mis sur pied ce type de consultation avec un ophtalmologue privé. Lorsqu’il est parti à la retraite, nous avons tout naturellement pensé à nous rapprocher de l’Hôpital ophtalmique et travaillons ensemble depuis le mois de septembre 2021.

Comment sont organisées les consultations ?
Nous avions bien anticipé en amont avec Laetitia Marchionno* qui est venue nous présenter l’organisation à mettre en place. Nous avons un espace dédié pour la consultation et une infirmière organise les déplacements internes et aide à installer les résidents. L’équipe mobile de l’Hôpital apporte tout le matériel. Nous avons gardé notre lampe à fente, ce qui améliore le confort des examens. Nous planifions entre 8 et 10 consultations par journée de présence de l’équipe itinérante.

Quels sont les avantages pour vos résidentes et résidents ?
Nous avons systématisé le dépistage et chaque nouvel entrant est ausculté pour évaluer sa capacité visuelle. Une adaptation des lunettes peut être conseillée ou, quelquefois, on découvre des pathologies oculaires qui nécessitent un traitement et/ou un suivi. Il n’est plus nécessaire d’organiser des transports pour les déplacements chez l’ophtalmologue : le gain de temps et de confort est très apprécié par les équipes et les résidents.

A la Maison du Pèlerin, nous sommes très satisfaits de cette prestation et pouvons la recommander sans réserve. Elle apporte une plus-value à nos résidents en incluant à la fois le dépistage et le traitement si besoin. Cela améliore leur qualité de vie.

*Co-responsable des optométristes et chargée du développement du projet à la Fondation Asile des aveugles

Le rôle essentiel de l’HPCI

Les compétences et la vigilance du service hygiène prévention et contrôle des infections (HPCI) ont encore une fois été d’une importance capitale pour traverser cette deuxième année de pandémie. Son engagement constant dans la Taskforce Covid, mise sur pied en 2020 déjà, et au service de nos collaboratrices et collaborateurs touchés par la maladie a été essentiel. « Tout au long de l’année, l’HPCI a fait le lien entre les différents corps de métiers : des ressources humaines en passant par le personnel soignant, le bloc opératoire, la cafétéria, entre autres. Ses activités illustrent parfaitement l’intérêt de l’interprofessionnalité que nous développons aussi au quotidien dans les autres services », conclut Mario Desmedt.

Nouveau métier dans les soins

Le Canton de Vaud a reconnu le nouveau métier d’infirmier-ère praticien-ne spécialisé-e (IPS). Ce titre permet à la personne qui le possède de réaliser des bilans de santé, des tests diagnostiques, de prescrire des médicaments et d’assurer un suivi clinique. A Jules-Gonin, l’IPS travaillera en binôme avec le ou la médecin en charge des consultations. « Ce poste renforce l’attractivité du métier, souligne Mario Desmedt. Il élargit ainsi la palette des aptitudes des soignantes et soignants. Le succès des consultations d’éducation thérapeutique mises en place une fois par semaine est réjouissant et constitue un exemple concret de notre volonté d’intégrer le patient ou la patiente comme véritable partenaire. » L’objectif est d’aider la personne à mieux gérer sa maladie – notamment les maladies chroniques – en lui prodiguant des conseils et en lui fournissant l’information nécessaire à même de la rendre plus autonome et avertie dans sa prise en charge.

SEE Swiss Eye expertise

Une application web dédiée aux professionnels de la santé

Lancée en 2021, Swiss Eye Expertise (SEE) est une plateforme de télé-expertise qui permet de partager les informations pour la prise en charge des patientes et patients grâce à un canal sécurisé.

Développée dans le cadre de l’initiative nationale SPHN (Swiss Personalized Health Network), cette application favorise l’échange entre professionnels. Les médecins externes à l’Hôpital ophtalmique peuvent référer un-e patient-e, obtenir un deuxième avis pour leur diagnostic, faire valider un traitement d’injection intra-vitréenne ou demander un examen d’imagerie à Lausanne ou à Rennaz.

Simplicité, traçabilité, suivi en ligne et transfert de données sécurisé, tels sont quelques-uns des avantages de cette nouvelle plateforme. La relecture des images et des cas présentés est d’autant plus efficiente qu’elle est réalisée grâce aux outils statistiques développés par nos chercheurs et chercheuses.

Swiss Eye Expertise

Thomas J. Wolfensberger entre au Retina Hall of Fame

Thomas J. Wolfensberger, Directeur médical

Le 12 décembre, durant le World Retina Congress, le comité de sélection de l’association a intronisé le Prof. Thomas J. Wolfensberger au Retina Hall of Fame. Cette association récompense celles et ceux qui ont contribué de manière remarquable au domaine de la rétine et qui se distinguent parmi les meilleurs spécialistes mondiaux.

Le Prof. Wolfensberger, spécialiste réputé, est le troisième directeur médical pratiquant à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin à recevoir cette distinction depuis sa création après Jules Gonin, pionnier de la chirurgie rétinienne qui a révolutionné la prise en charge et le traitement du décollement de la rétine et Leonidas Zografos pour ses recherches et avancées en oncologie oculaire chez l’adulte.

Le dépistage : une affaire d’équipe !

En collaboration avec le Réseau Santé Haut-Léman, l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin a ouvert, début 2021, une consultation d’ophtalmo-diabétologie à l’Espace Santé Rennaz. En novembre, un dépistage gratuit a été organisé pour la première fois dans le Chablais. Son objectif était double : examiner les personnes diabétiques pour détecter d’éventuelles maladies visuelles et sensibiliser le public à l’importance d’un dépistage précoce de la rétinopathie diabétique. Cet événement est le fruit d’une collaboration fructueuse entre les ophtalmologues et les optométristes, accompagnés des professionnel-le-s du Réseau Santé Haut-Léman et de Diabète Vaud.

Pour dépister et suivre ces patients et patientes, n’oublions pas le rôle essentiel des infirmier-ère-s, photographes spécialisé-e-s, … et de la recherche ! Nos spécialistes utilisent un appareil d’imagerie dernier cri, équipé d’une technologie d’intelligence artificielle qui améliore significativement le dépistage d’éventuels signes précurseurs de la rétinopathie diabétique.