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Du côté de la recherche

Renforcer les liens avec les cliniciens

La plateforme d’échanges d’images et d‘informations soutenue par le Swiss Personalized Health Network (SPHN) est en cours d’implantation dans les hôpitaux partenaires de Suisse. L’accent est aussi mis sur les nouvelles technologies et sur une meilleure collaboration entre cliniciens et chercheurs.

La plateforme financée par le SPHN a commencé à être implantée au printemps 2019. Au printemps 2020, une fois que le réseau informatique sera totalement opérationnel, les premières images pourront être stockées. Puis, l’année suivante, les premières analyses scientifiques pourront débuter. « Cette interface permettra non seulement d’obtenir des données à l’échelle nationale, mais elle sera aussi utile pour les ophtalmologues installés en cabinet. Ils pourront nous soumettre un dossier pour obtenir un deuxième avis », se réjouit le Professeur Thomas J. Wolfensberger, directeur médical.

A l’heure où informatique et santé sont indissociables, la Fondation met l’accent sur la recherche dans ce domaine prometteur. Parmi les cinq axes de recherche prioritaires en 2019, celui basé sur les nouvelles technologies va de l’avant grâce au travail du Prof. Silvio Ionta. Son laboratoire étudie de nouvelles technologies capables de développer le potentiel sensoriel de l’enfant. « Des tablettes munies d’un écran en trois dimensions existent déjà, mais toute innovation médicale de start-up a besoin d’une validation scientifique pour être commercialisée, précise le Prof. Wolfensberger. L’Hôpital Jules-Gonin dispose de la patientèle nécessaire pour permettre de développer des outils qui soient réellement utiles. L’intérêt de l’industrie pour ces nouvelles technologies est énorme. » Un poste professoral dans ce domaine sera mis au concours.

Parallèlement, la Fondation a travaillé en étroite collaboration avec l’EPFL pour le développement d’instruments chirurgicaux et mène plusieurs projets de recherche avec la haute école.

Aujourd’hui, informatique et santé sont indissociables

Les quatre autres axes de recherche sont l’oncologie, la rétine médicale, le développement oculogénétique et les sciences de la vue.

En oncologie, la Fondation a pu compter sur le travail du Dr Alexandre Moulin sur la génétique du mélanome. Ce dernier a bénéficié du prix Kattenburg afin de développer ses recherches dans le domaine de l’analyse génétique des tumeurs.

En rétine médicale, la Prof. Chiara Maria Eandi, qui est venue soutenir la Dre Irmela Mantel à la tête de l’unité, s’engage pour développer une recherche conjointe avec les chercheurs fondamentaux de notre laboratoire.

Autre axe très prometteur, celui de l’oculo-génétique. Les travaux de recherche d’Adeline Berger, généticienne moléculaire, se sont penchés sur les enfants atteints de rétinoblastome. La jeune chercheuse a mis en évidence des modifications épigénétiques qui pourraient être à l’origine de ce cancer de l’œil pédiatrique. « Notre hôpital a une bonne expérience en oncologie, il possède des bases de données et une histoire qui doivent être mises à profit de nos chercheurs, explique le Professeur Reinier Schlingemann, directeur de la recherche. Nous voulons assurer la relève dans des domaines de recherche déjà exploités tout en en développant d’autres.

Globalement, nous cherchons à augmenter les collaborations entre chercheurs et cliniciens. »

En 2019, l’Hôpital Jules- Gonin peut se vanter d’avoir produit, à travers ses multiples collaborations, pas moins de 130 publications liées à ses recherches dans les magazines spécialisés. Parmi elles, un article dans la revue Nature Reviews Clinical Oncology, ainsi que trois articles publiés dans la prestigieuse revue Progress in Retina and Eye Research.

Parmi les faits marquants de 2019, Reinier Schlingemann tient à mettre en avant :

  • le dépôt d’un brevet par le Prof. Yvan Arsenijevic dans le domaine des dégénérescences de la rétine;
  • la participation des chercheurs lausannois au projet MacTel. « Il s’agit d’un consortium international qui tente de trouver des traitements pour la télangiectasie maculaire Type 2, une maladie rare de la macula. Le laboratoire principal se trouve en Californie »;
  • l’acquisition d’un appareil Adaptive optics qui fournit des images de la rétine à de très hautes résolutions permettant de voir les cellules très distinctement. « Nous avons obtenu le soutien de la Faculté pour acquérir un tel outil », précise-t-il.

Réseau international de recherche

La JIR-cohorte est une cohorte de patients suivie par un réseau international de spécialistes qui prennent en charge les patients atteints de maladies inflammatoires juvéniles (JIR – Juvenile Inflammatory Rheumatism). Cette plateforme de recherche épidémiologique a été créée en 2013 par un groupe de médecins offrant un suivi multidisciplinaire (principalement de rhumatologues et ophtalmologues) de Belgique, de France et de Suisse. Depuis, le réseau s’est développé et est actif dans 75 centres médicaux de 8 pays.

Les données de plus de 5’700 patients ont été rassemblées, en toute sécurité, au cours de 23’000 visites. Ce réseau permet la collecte prospective de données en temps réel sur les patients suivis. Chaque patient·e reçoit ainsi le traitement le mieux adapté à sa situation.

Le Prof. Yan Guex-Crosier, à la tête de notre unité d’immuno-infectiologie, a participé activement à la création du module des uvéites pédiatriques, en étroite collaboration avec le Prof. Michaël Hofer, rhumatologue pédiatre au CHUV. L’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin est un centre de référence reconnu dans le traitement des uvéites, affections classées dans les maladies orphelines. L’impact des uvéites est considérable puisqu’elle est, au même titre que la rétinopathie diabétique, la cinquième cause de cécité dans le monde. Les uvéites de l’enfant nécessitent une prise en charge hautement spécialisée et la collaboration d’une équipe multidisciplinaire pédiatre-ophtalmologue-rhumatologue. Le dépistage précoce permet de mettre en place un traitement adapté afin d’éviter les complications de la maladie. L’uvéite peut se développer dès le plus jeune âge et ne provoquer aucun symptôme pendant longtemps. Ce projet s’inscrit également dans le développement de réseaux de traitement des maladies rares ou orphelines sur l’initiative de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Ces dernières années, le module Uvéites de la JIR-cohorte a bénéficié du précieux soutien de particuliers et de fondations, dont, en 2019, un don de la Fondation W. et E. Grand d’Hauteville.